Compte-rendu de l’APE sur l’ Inter CVL Italie – 18 Février 2021
Philippe Glosse – Chef du Secteur Europe à l’AEFE.
Médiateur de la visio-conférence.
Vassiliki Driancourt – IPR – Directrice de l’enseignement, de la Formation et de l’Orientation de l’AEFE
Elle résume le vécu du réseau AEFE face à la crise du Covid depuis un an.
Toutes les situations de fermeture totale ou partielle sont ou ont été rencontrées par les lycées français à l’étranger. Certains établissements suivant le rythme sud n’ont pas rouvert depuis leur rentrée scolaire.
Elle indique que le message général que souhaite faire passer l’AEFE est le suivant :
« Soyez assurés et rassurés, nous sommes là pour défendre la situation qui est la vôtre, et (…) qu’elle est entendue.»
La situation particulière et de la spécificité des établissements français à l’étranger, depuis le début de la crise Covid, a été reconnue et des aménagements ont été obtenus.
Sachant que le diplôme délivré par tout lycée français à l’étranger est bien le baccalauréat français, il est impossible de prendre, à l’autre bout du monde, une décision qui serait contraire au diplôme qui est délivré en France. Face aux interrogations d’un établissement dans une situation particulière, la transmission du problème soulevé et l’obtention de la réponse par les autorités éducatives françaises impose un certain délai.
Dans un premier temps de nombreuses questions pédagogiques ont dû être réglées lors de la mise en place de l’enseignement à distance.
Ensuite, il a fallu prendre en compte les spécificités de chaque lycée. Ainsi, deux établissements d’une même ville peuvent ne pas ouvrir dans les mêmes conditions, car ils n’ont pas le même effectif scolaire, le même nombre de salles, la même organisation pour la restauration scolaire.
Les contraintes sont très fortes et on doit adapter l’offre scolaire.
Un gros effort est fait sur la formation des enseignants, sur les outils, sur les enjeux, sur l’évaluation à distance.
Deux questions sont priorisées :
- L’évaluation, en particulier en situation hybride.
- La place de l’élève dans cette situation compliquée.
C’est sur ce dernier point que le CVL peut être une force de proposition, avec des idées intéressantes et adaptées à l’établissement.
Le tour de table permet de noter les différentes questions et propositions des élèves :
Turin – « Comment allons-nous être notés pour le Grand Oral ? »
Réponse de Jean-Pierre Avril – IPR de SPC
Le calendrier du Grand Oral qui se tiendra en Juin est proposé par l’académie de Lyon, partenaire de l’Italie. Cette épreuve permet au candidat de montrer sa capacité à prendre la parole et à convaincre.
Elle se déroule en 4 temps :
– 20 minutes : préparation ;
– 5 minutes : présentation sur une question travaillée dans le cadre d’une ou des deux spécialités choisies en terminale ;
– 10 minutes : échange avec le jury ;
– 5 minutes : présentation du projet d’orientation du candidat.
Et en quoi la question choisie a un rapport avec l’orientation choisie ?
Actuellement les enseignants pressentis pour faire passer cette épreuve sont en formation.
Ils sont sensibilisés au contexte particulier de l’épreuve cette année et à la façon dont ils vont évaluer les élèves. L’accent est mis sur l’harmonisation de la notation entre les différents jurys et une grille commune d’évaluation est partagée.
Complément apporté par Mme Driancourt :
Elle n’est absolument pas inquiète pour les élèves de l’AEFE concernant ce Grand Oral.
Il s’agit d’un ORAL, or les élèves de l’AEFE travaillent beaucoup cette prise de parole depuis leur plus jeune âge, par l’argumentation, par l’exposition aux langues. Cette compétence est travaillée dans toutes les disciplines par le choix d’un vocabulaire choisi qui précise leur pensée.
Il y a un lien explicite entre les enseignements de spécialité, la question choisie pour le Grand Oral et le choix d’orientation, et les élèves de l’AEFE sauront faire preuve de motivation et d’enthousiasme pour expliquer leur choix de spécialités dans le cadre de leur projet académique et professionnel.
Rome – « Le Grand Oral sera-t-il maintenu ? »
Mme Driancourt, précise qu’actuellement le Ministère de l’Education nationale (MEN) maintient le Grand Oral, épreuve phare de la réforme du baccalauréat.
Rome – « Comment est constitué le Jury ? » « Se passera-t-il en présentiel ou distanciel ? »
Le jury est formé d’un enseignant de la spécialité et d’un enseignant d’une autre discipline.
Chaque établissement de la zone propose des jurys qui interviendront ensuite en Italie.
On ne sait pas si l’oral sera en présentiel ou distanciel, mais l’académie de Lyon a déjà donné son aval pour une éventuelle visioconférence, et le MEN a déjà été sollicité pour donner l’accord final.
Florence
« Comment sont notés les spécialités pour le bac, sachant qu’il n’y aura pas d’épreuves finale ? »
Les enseignements de spécialités sont évalués par le contrôle continu, affectés des mêmes coefficients (16) qui leur ont été attribués au départ.
« Comment sont prise en compte les diverses évaluations en distanciel, en présentiel ? »
Le MEN doit donner sa réponse concernant la prise en compte de toutes les notes, qu’elles aient été obtenues en présentiel ou à distance. Comme toujours, l’enseignant reste maître de l’attribution des coefficients entre les différentes notes (devoir sur table, QCM, présentation orale, TP, travail en groupe, devoir-maison, …).
A l’issue des conseils de classe, les notes seront remontées vers le centre d’examen de l’académie de Lyon. Il y aura alors un temps d’harmonisation : les inspecteurs des différentes disciplines seront chargés de comparer les moyennes des différentes cohortes d’élèves entre établissements, mais également par comparaison avec les résultats des trois dernières années dans chacun des établissements.
L’an dernier, la prise en compte de la situation extraordinaire a été un sujet d’attention pour l’AEFE et les académies partenaires.
Rome – Saint Dominique
« Les coefficients des E3C peuvent-ils être modifiés ?
Comment sont prises en compte les notes obtenues en Première pour les E3C ? »
Les coefficients ne seront pas modifiés.
Le calcul prendra bien en compte l’épreuve faite, l’an dernier, en Première.
« Comment sont évalués les élèves qui suivent une formation de spécialité par le CNED ? »
Mme Driancourt souligne que le CNED est un partenaire important de l’AEFE dans les situations de crise. Le CNED prend en effet le relais lorsqu’un établissement est obligé de fermer dans un pays en crise politique.
Néanmoins plusieurs chefs d’établissements ont fait remonter le problème du trop peu de notes données par le CNED depuis le début de l’année dans le cadre des E3C. Le Guide d’évaluation du Baccalauréat 2021 publié, la semaine dernière, par le MEN souligne par ailleurs qu’il faut un certain nombre d’évaluations par discipline et par trimestre.
Une réunion est prévue le 10 Mars avec le CNED pour évoquer cette situation et savoir comment le CNED va gérer cette question.
Milan
« Serait-il possible de faire un bac blanc en fin d’année ?
Et dans le cas où la note du bac blanc serait supérieure à celle obtenue par contrôle continu, pourrait-elle la remplacer ? »
Mme Driancourt : « C’est la magie de l’AEFE … des élèves qui demandent un bac blanc. Pourquoi ? »
Milan : « Certaines notes ont été catastrophiques durant l’enseignement distanciel. Les élèves espèrent ainsi augmenter leur moyenne (…) afin d’améliorer leurs chances d’orientation. »
Mme Driancourt : « C’est complètement contre la philosophie du baccalauréat 21. »
La création d’une épreuve finale de 4h enverrait un message en contradiction avec le travail régulier, tout au long de l’année, qui est actuellement demandé aux élèves.
Elle suggère, par ailleurs, aux enseignants concernés de valoriser les efforts des élèves et d’éventuellement considérer certaines évaluations sommatives comme des évaluations formatives.
- Pestourie évoque la crainte des élèves d’une sous-performance dans le cadre du contrôle continu.
En particulier lorsque les enseignants ont l’habitude de noter sévèrement en début d’année pour pousser les élèves à donner le meilleur d’eux même.
Mme Driancourt rassure les élèves en rappelant que les enseignants doivent donner, chaque trimestre, plusieurs notes obtenues dans différentes situations d’évaluation.
Note d’optimisme supplémentaire :
« Les résultats des élèves, l’année dernière, au baccalauréat à l’AEFE, n’ont jamais été aussi bons de toute l’histoire du baccalauréat à l’AEFE. Ne vous inquiétez pas, là où il n’y a pas d’inquiétude à avoir. »
« L’harmonisation sera-t-elle réservée seulement aux élèves en difficulté ou concernera-t-elle l’ensemble des élèves ? »
Mme Driancourt évoque le phénomène français du lycée de centre ville, dans lequel les élèves sont évalués plus sévèrement qu’ailleurs. En fait, tous les établissements de l’AEFE sont des établissements de centre ville pour diverses raisons que l’on pourrait détailler.
Ce qui joue lors de la sélection par les établissements du supérieur, c’est la réputation de votre lycée français : qualité de l’enseignement, plurilinguisme des élèves, qualité des précédents étudiants issus de ce même établissement, etc.
Turin
« Manque d’information sur les grandes écoles et l’enseignement supérieur italiens.»
Mme Driancourt : « L’AEFE qui est un opérateur public a dans ses missions d’orienter les élèves vers le système français. C’est notre mission première. Nous restons néanmoins ouverts aux propositions de parcours universitaires de l’Italie et d’autres pays. »
Pour plus d’informations, il est possible de se renseigner auprès des services culturels de l’Ambassade de France, qui ont une connaissance fine de l’enseignement supérieur italien.
Florence
« Témoignage de la mise en place de trois journées du bien-être pour chaque lycéen »
Durant chaque trimestre, lorsqu’un élève ne se sent pas bien, déprimé en cette période stressante du Covid, il peut prendre une journée de « liberté ».
Cette proposition faite durant un CVL de l’an dernier, a été validée lors du Conseil d’établissement.
A Florence, 20% des élèves de Première et Terminale sont en situation de mal-être voire de décrochage (angoisse, déprime, anorexie, consultations psychiatriques, hospitalisation …).
Rome
M. Pestourie souligne l’amélioration du moral des élèves depuis le retour en présentiel (une seule journée par semaine en distanciel). Il a fallu néanmoins réguler la reprise qui était trop brutale (trop de devoirs) pour de nombreux élèves.
Florence
« Est-il possible de mettre en place un enseignement en hybride pour permettre aux élèves qui souhaitent rester chez eux de le faire ? Ceci afin de protéger une personne âgée vivant sous le même toit.»
L’enseignement hybride est difficile à mettre en œuvre.
Par ailleurs, le lycée n’est pas le seul endroit où les élèves peuvent être contaminés par le Covid.
Enfin, si effectivement une personne à risque doit être protégée, l’élève mérite également un enseignement en présentiel quand celui-ci est possible.
Rome
« Où en est-on des épreuves d’ESA-Bac ? »
Mme Driancourt indique que leur mise en place est en discussion au plus haut niveau entre les services culturels de l’Ambassade de France et le Ministère de l’enseignement italien.
Conclusion
Décision est prise de reconduire dans un proche avenir un nouveau CVL organisé par le Lycée de Milan